Un message de Carlos Sanvee, secrétaire général de l’Alliance Mondiale des YMCA

Chers leaders, chers amis,

Au début de cette crise Covid, l’Alliance Mondiale des YMCA a adopté une stratégie de réponse reposant sur les trois piliers que sont la « résilience », la « Relance » et la « réimagination ».

Six mois plus tard, alors que le monde est toujours aux prises avec les problèmes sanitaires et financiers causés par la crise de Covid, je voudrais faire une pause et regarder dans notre rétroviseur pour voir le chemin parcouru, et aussi pour partager des réflexions sur les mois à venir dans notre voyage collectif.

La pandémie du Covid a touché différents pays de différentes manières, et les réponses des différentes YMCA ont varié d’un pays à l’autre. Nous avons été étonnés de voir combien de nos YMCA se sont adaptées pour servir leurs communautés, malgré le fait qu’elles aient été gravement touchées par la crise.

Les jeunes ont été sévèrement touchés : emplois perdus, scolarité interrompue, interactions sociales perturbées, problèmes de santé mentale en spirale. Et pourtant, nous avons vu comment les jeunes ont également été prompts à se porter volontaires comme premiers intervenants au service de leurs communautés, et à aider ceux qui sont plus vulnérables qu’eux.

En cette période de Covid, le secteur de la jeunesse a prouvé que ses services sont essentiels pour des millions de jeunes – et de personnes âgées – dans le monde entier.


Les YMCA prennent la direction des actions communautaires à Covid – à Savar, au Bangladesh

Le chemin parcouru jusqu’à présent en 2020

Au niveau mondial et régional, nous avons continué à fournir au Mouvement l’espace et la possibilité de se connecter, d’apprendre, de partager et de se soutenir mutuellement pour renforcer la résilience et naviguer à travers la crise. Collectivement, en tant que Mouvement mondial, nous avons répondu à la crise de deux manières principales.

Premièrement, en réponse au volet « Résilience » de notre stratégie, nous avons cherché à nous doter d’un leadership de pensée – intellectuel, émotionnel et spirituel.

Nous nous sommes réunis et avons discuté, et nous avons invité d’autres personnes à partager leurs connaissances avec nous. Ce faisant, nous avons réaffirmé notre rôle de leader et celui des autres. Les six « Leaders Talks » d’avril et de mai ont rassemblé près de 1000 personnes, auxquelles se sont adressés une vingtaine de dirigeants mondiaux de renom du mouvement YMCA et bien au-delà.

Nous avons partagé les principes, les leçons et les ingrédients nécessaires à la recherche de la résilience. Le premier d’entre eux est le besoin d’adaptabilité. Les organisations n’ont pas de besoins, les gens ont des besoins : notre tâche, par tous les moyens possibles, est de nous adapter pour répondre à ces besoins.

Veuillez consulter ici notre résumé des discussions des dirigeants.


Les YMCA ont organisé des discussions entre dirigeants pour débattre de l’approche résiliente vis-à-vis du Covid

Nous avons également lancé les forums en ligne « Youth Voices » (La voix des jeunes), qui permettent aux jeunes de partager leurs préoccupations et leurs espoirs pour l’avenir.

En mai, nous avons débattu autour du thème « L’avenir que nous voulons » (The future we want), en discutant de la santé et du bien-être, du travail et du climat. En juin, nous avons envisagé « Un avenir sans racisme » (A future without racism).


Zoom sur le YMCA : « Voix des jeunes » (Youth Voices)

En mai et juin également, nous avons organisé des services œcuméniques d’action de grâce en ligne, reliant les chrétiens du monde entier dans le culte et la prière, et se soutenant mutuellement dans les moments difficiles.

Et, de manière pratique et importante, nous avons créé un centre de réponse qui rassemble les informations de Covid à travers le mouvement, ainsi qu’un mécanisme pour soutenir financièrement les YMCA nationales qui, du jour au lendemain, se sont trouvées en difficulté.

Le Fonds de solidarité des YMCA a recueilli près de 400 000 francs suisses, auxquels nous avons ajouté 200 000 francs suisses provenant de nos réserves. Nous avons lancé deux appels et reçu près de 40 demandes. Jusqu’à présent, nous avons approuvé des subventions de près de 380 000 CHF, et nous estimons à 290 le nombre d’emplois que nous avons sauvés ou soutenus.

Ensuite, alors que nous passions de la phase de « Recovery » (Relance) à celle de « Reimagination », nous avons cherché à rassembler le meilleur de nos connaissances, de notre sagesse et de notre inspiration collectives.

Nous y sommes parvenus grâce à une série de tables rondes virtuelles « Padare » en juillet et août. 189 personnes dans 55 pays y ont participé. Les origines de Padare – des communautés Shona du Zimbabwe assises sous les arbres pour partager la sagesse collective afin de discuter et de définir leurs meilleures lignes d’action – ont inspiré ce que nous avons fait.

À partir des discussions des dirigeants, nous avions identifié trois grandes questions à explorer dans le cadre du Padare.

Comment les YMCA peuvent-elles devenir un partenaire de confiance pour les jeunes, en renforçant leur résilience face à la crise mondiale ? Comment les YMCA peuvent-elles assurer une reprise économique et financière durable après cette crise ? Et comment les YMCA peuvent-elles devenir une organisation « adaptative », qui évolue avec son temps et ses besoins ?

Ces débats ont permis de réaliser que, comme le reste du monde, les YMCA auront besoin d’une « réinitialisation », basée sur un processus créatif de « réimagination » déjà lancé.

Nous ne pouvons pas revenir à la normale ; nous devons nous adapter à la nouvelle normalité. Nous ne pouvons pas non plus revenir à l’avenir ; nous devons aller de l’avant.

Veuillez consulter ici le rapport de nos discussions dans le cadre du conccept Padare.


Padare – où le YMCA a suivi l’exemple des communautés qui s’assoient sous les arbres et mènent des discussions

Deux idées fortes ont émergé des neuf sessions du concept Padare, en tant que composantes de la « Réimagination » qui mènera à la « Réinitialisation ».

Premièrement, la nécessité de passer d’un « environnement statique » à un « espace dynamique ».

Cela signifie en partie qu’il faut opérer de plus en plus dans l’espace numérique. Mais dans un sens plus profond, cela signifie se déplacer vers les jeunes, vers l’endroit où ils se trouvent, plutôt que d’attendre qu’ils viennent à nous.


D’un « environnement statique » à un « espace dynamique » : La salle de gym Covid-time se met en ligne

Deuxièmement, la nécessité d’être audacieux.

Cela ne signifie pas qu’il faille prendre des mesures drastiques et apparemment négatives comme la réduction du personnel ou des activités, même si cela peut signifier repenser et redéfinir les priorités. Plus profondément, cela signifie que nous devons faire preuve de courage et de radicalité en restant fidèles à nos valeurs fondamentales et à notre quête constante d’un monde juste, pacifique et équitable dans lequel chacun compte.

C’est la vision qui a permis au mouvement YMCA de relever des défis sans fin au cours de ses presque 200 ans d’histoire, et c’est la vision qui nous permettra de relever ces nouveaux défis.


Notre quête permanente des YMCA pour un monde juste, pacifique et équitable dans lequel chacun compte

Le chemin qui nous attend en 2020 … et 2021

Le chemin à parcourir commence ici et maintenant.

C’est un monde dans lequel nous reconnaissons que beaucoup de choses sont en jeu et que de profondes angoisses subsistent. La première et la deuxième vague de Coronavirus vont-elles toutes deux s’accélérer ? Alors que les pays, les entreprises, les organisations et les particuliers ont subi des pertes financières massives, comment allons-nous garantir le volet financier de notre avenir ?

Et ici et maintenant, de nombreux YMCA mettent déjà en oeuvre ces principes.

Nombre d’entre elles ont entrepris ces débats de recherche indépendamment, tout en se joignant au débat mondial. Beaucoup ont établi de nouvelles relations avec de nouveaux partenaires dans leurs communautés. Nombreux sont ceux qui mènent des réflexion relatives à la quête de l’adaptabilité.

Dans leur réponse à la pandémie Covid, et avant cela, de nombreux YMCA ont évolué vers les communautés qu’ils servent, et de façon nouvelle. Les exemples sont légion, et le rapport des discussions dans le cadre du concept Padare en répertorie un grand nombre.

Nous sommes conscients que la vision plus large de l' »audace » prendra plus de temps à se réaliser. C’est ce que nous devons maintenant planifier et articuler. Je crois qu’elle est résumée dans le nom « Change Agents » (Agents de changement), qui est l’un de nos programmes YMCA mondiaux les plus réussis.

Car mon plus grand souhait est que ce soient les jeunes eux-mêmes qui fassent preuve d’audace, et qu’ils créent ce monde juste, pacifique et équitable dans lequel chacun a son importance. Les YMCA continueront à fournir des services aux jeunes, mais ils doivent le faire dans une perspective de réciprocité, car les jeunes peuvent apporter et apporteront des solutions aux défis auxquels leurs communautés sont confrontées.


Le programme « Change Agents » des YMCA du monde entier a formé quelque 850 jeunes en 8 ans, les préparant ainsi à servir et à diriger leurs communautés

Je suis convaincu que la « théorie du changement » commune aux YMCA est en train de se développer pour passer du stade d’assistance aux jeunes à celui où ces mêmes jeunes deviennent eux-mêmes des acteurs sociaux, pour eux-mêmes et pour leurs communautés..

Nous nous demandons donc naturellement, dans le cadre de cette « réimagination », où nous allons maintenant, à quatre mois de l’échéance de 2020 et à l’approche de 2021 ?

Tout d’abord, nous allons nous lancer dans la phase de « réimagination » de notre stratégie de réponse à Covid.

Les 14 et 21 septembre, nous conclurons le débat de Padare par deux sessions de « Sensemaking » qui indiqueront la voie à suivre, car nous apportons une nouvelle perspective à nos initiatives existantes, comme nos Communautés d’impact et autres plateformes partagées. Nous commencerons par renforcer notre planification et nos compétences pour définir ces nouvelles orientations qui resteront fondées sur notre vision. Nous vous communiquerons les résultats de ces sessions dès que nous le pourrons.

Deuxièmement, nous ferons de la Réimagination une réalité à long terme pour les YMCA, en la liant à notre processus continu de recherche de notre objectif organisationnel collectif, à l’approche de notre bicentenaire.

Nous adopterons notre « étoile polaire » lors de notre prochain Conseil mondial à Aarhus en juillet 2022.

Troisièmement, nous jouerons notre rôle dans le processus mondial de « réinitialisation » entrepris par les gouvernements, les Nations unies, le secteur privé et la société civile du monde entier, à la suite des bouleversements sismiques provoqués par la crise de Covid. Plus que jamais, le YMCA doit être présent lorsque des décisions importantes sont prises qui affectent les jeunes et les communautés vulnérables.

La tâche consiste à placer les jeunes au centre du débat et de la planification : l’Agenda global pour la jeunesse doit être au centre de l’Agenda global de réinitialisation.

#WeShallOvercome. Qui plus est, je crois honnêtement que nous allons #BuildBackBetter. Continuons à renforcer la résilience des jeunes, afin qu’ils contribuent à leur tour à la construction de communautés résilientes.

L’avenir des jeunes en dépend, mais l’avenir du monde en dépend aussi.

Avec tous, mes vœux de réussite,
Carlos

Source principale : https://www.ymca.int/covidymca/