Blessé mais plein d’espoir : Mon point de vue sur ce qui se passe dans notre pays
J’ai vraiment du mal à comprendre ce qui se passe dans notre pays en ce moment – en partie parce que j’ai déjà vécu tout cela.
Au cours de l’été 1967, j’avais 13 ans, jeune garçon en pleine maturité dans le sud de Philadelphie. Ce que j’ai vu devant ma porte d’entrée de notre domicile et sur mon écran de télévision est resté gravé dans ma mémoire : des noirs, descendant dans les rues des zones urbaines… New York, Detroit, Chicago, Los Angeles, Oakland… dans le cadre du mouvement des droits civils pour protester contre le racisme, la violence contre les personnes de couleur et un système judiciaire discriminatoire, mais aussi pour réclamer l’équité sous la forme du droit de vote et de l’accès à l’emploi, à un logement abordable et à une éducation de qualité.
Ces souvenirs me sont revenus en mémoire au cours de la semaine dernière, lorsque j’ai regardé la vidéo écoeurante de la brutalité inutile qui a tué George Floyd, et les manifestations qui ont suivi à Minneapolis et dans d’autres communautés du pays en son nom, ainsi que les noms de Breonna Taylor, Ahmaud Arbery et des nombreux Afro-Américains – certains dont les noms sont largement connus, la plupart ne le sont pas – qui sont morts avant eux et dont le potentiel ne sera jamais réalisé, perdu à jamais pour nos communautés.
Je comprends la douleur qui accompagne le sentiment d’être invisible, non entendu et sous-estimé, et le désir intense de faire une déclaration afin d’attirer l’attention des gens. Je suis indigné par ceux qui ont exploité les manifestations pacifiques pour leur propre profit, en recourant au pillage et à la destruction.
En regardant tout cela, je me suis posé des questions : Qu’est-ce qui a vraiment changé pour les gens de couleur dans ce pays au cours des 50 dernières années ?
Pas assez. Pas assez.
Mais j’ai remarqué au moins une différence très importante et très encourageante, car j’ai essayé de donner un sens à ce dont je suis témoin et de trouver les bons mots pour exprimer ce que je ressens : Il n’y a pas que les Noirs qui marchent pour l’équité et la justice, qui condamnent la brutalité policière, qui demandent la fin du racisme systémique et qui disent que la vie des personnes de couleur est importante. Ils sont rejoints par des alliés de toutes les races et ethnies – représentatifs de la grande diversité de notre nation – et la plupart d’entre eux sont des jeunes.
Ainsi, bien que je sois triste, contrarié, en colère et effrayé, je ne suis pas désespéré.
Les défis auxquels nous sommes confrontés en tant que nation en matière d’équité et de justice raciales sont importants et croissants, avec des racines aussi profondes que la fondation de notre nation, mais ils ne sont pas au-delà du pouvoir et de la détermination des jeunes. J’en suis convaincu.
La génération actuelle de jeunes est non seulement la plus nombreuse de l’histoire de notre nation, mais aussi la plus diverse. Elle apprécie la diversité, l’inclusion et l’équité et se soucie profondément du bien-être des autres.
Ce sont les artisans du changement dont nous avons besoin pour les communautés que nous voulons – des communautés où tous les gens, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent ou quelle que soit leur situation actuelle, reçoivent le soutien dont ils ont besoin, quand ils en ont besoin, pour réaliser leur plein potentiel.
Ce sont également nos futurs législateurs fédéraux et étatiques, les maires, les dirigeants d’entreprises et d’organisations à but non lucratif, les éducateurs, les prestataires de soins de santé et les policiers. Et ils ne vont pas défendre le statu quo. Ils ne vont pas défendre le monde qui leur est laissé. Ils ne défendront rien de moins que l’avenir qu’ils souhaitent.
Nous devrions tous leur être reconnaissants pour cela. Ils sont une source d’espoir.
La lecture des pensées, des prières et des réflexions de mes collègues Y – tant ceux que je connais personnellement que ceux que je ne connais pas mais avec qui je partage une dévotion pour cette grande organisation – ces derniers jours ont été pour moi une source d’inspiration et d’encouragement.
Ils sont fous de rage, ils sont inquiets et ils sont désemparés. Mais ils sont aussi résistants, pleins d’énergie et déterminés à créer un véritable changement.
Tous les membres des YMCA doivent comprendre que nous faisons partie de la solution, individuellement et collectivement. Nous devons nous lever et nous exprimer en faveur de l’équité et de la justice. Il s’agit d’un besoin communautaire urgent, et les YMCA ont toujours répondu aux besoins communautaires urgents.
Nous sommes tous aux prises avec les grandes actions audacieuses qui sont nécessaires pour inverser la tendance dans notre pays, et c’est important. Mais en tant qu’organisation ouverte à tous, engagée dans un partenariat avec les jeunes et leur apportant le soutien dont ils ont besoin pour agir sur ce qui est important pour eux, les YMCA peuvent faire tellement de choses dès maintenant, même en pleine pandémie COVID-19. Comme j’ai pu le constater à maintes reprises au cours des derniers mois, les YMCA peuvent encore unir les gens et inspirer des actions positives pour combler les lacunes et remédier aux disparités dans les communautés, même si elles ne sont pas toujours réunies physiquement.
C’est une période de grande angoisse et de désespoir dans notre pays, en particulier pour les personnes de couleur et les plus vulnérables d’entre nous. Nous ne pouvons pas laisser toutes ces souffrances être vaines. Elle doit nous conduire vers un avenir meilleur.
Je sais que le YMCA dispose de la crédibilité et de la capacité nécessaires pour diriger. Nous devons être guidés par la lumière de notre engagement organisationnel en faveur de l’inclusion et de notre attention pour les jeunes. Nous devons aller de l’avant avec une flamme dans notre âme et de l’espoir dans notre cœur. Nous devons travailler ensemble pour créer l’avenir que nous voulons et que nous méritons tous.
Kevin Washington
Président et directeur général
YMCA des États-Unis
Mardi 2 juin 2020
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