C’est avec un sentiment de surprise teinté à la fois de soulagement et d’inquiétude que la plupart des camerounais écoutaient sur les ondes des radios et télévisions du pays, le 17 mars 2020, le discours du Premier Ministre concernant les mesures prises par le gouvernement pour faire face aux problèmes liés à la propagation de la pandémie du COVID-19, récemment signalé aux portes de l’Afrique.

Le niveau de contamination qui a été annoncé principalement en Chine, puis en Italie et en France au cours de la deuxième semaine du mois de mars a emmené les autorités camerounaises à tirer la sonnette d’alarme pour passer ensuite à la fermeture des frontières aériennes et la mise en quarantaine des passagers des derniers vols à destination du pays.

A la suite de ces mesures annoncées par le gouvernement camerounais, le constat le plus flagrant concerne leur mise en application qui, à une forte minorité des cas est respectée et dans l’autre s’est limitée aux paroles et a fait face à une insouciance générale de la population.  L’on constatera par exemple des cas de quarantaine non respectés même dans les hautes instances de la république, des restrictions en termes de rassemblement majoritairement ignorées (lieux d’office religieux, marchés, établissements scolaires, transports en commun, etc.). Tout semble continuer de fonctionner comme avant.

Dans les réseaux sociaux c’est tout un autre son de cloche, beaucoup plus théorique et qui semble n’intéresser qu’une minorité de personnes soucieuses des conséquences de cette pandémie qui est en train de prendre racine petit à petit en Afrique. Il n’est pas rare de voir publiées des formules de décoctions à base de plantes qui viendraient à bout des symptômes précoces de présence du virus dans le corps, tandis que des messages de prévention en termes de limitation des déplacements continuent d’abonder à côté des communiqués sur les statistiques de contamination et de décès. Il n’est pas rare également de voir des articles et des vidéos de certains chercheurs de renommée internationale qui proposent des solutions prophylactiques et curatives à base de médicaments existants et qui sont immédiatement mises en application dans certains pays.

Evolution fulgurante des conséquences inattendues du covid-19

Pendant ce temps, a jour du 29 mars 2020, l’effectif mondial de contamination officiellement recensé s’élève à plus de 600.000 cas et plus de 30 000 décès (les deux-tiers en Europe) depuis le début de la pandémie dans plus de 183 pays et territoires dans le monde, selon un comptage réalisé par l’AFP et la déclaration du site officiel de RTS Info (https://www.rts.ch/), le samedi 28 mars à 10H45 GMT. Le nombre de décès provenant des pays développés est de plus en plus alarmant. Pour l’instant le cas le plus médiatisé, à l’exception de la Chine qui aujourd’hui se relève de l’horreur qu’a subi sa population, est désormais celui des Etats-Unis qui occupe la première place en termes de statistiques de contamination, où depuis le 28 mars 2020 il est annoncé plus de 103 321 cas officiels de contamination et 1 668 cas officiels de décès (source https://www.cdc.gov/coronavirus/2019-ncov/cases-updates/cases-in-us.html). L’article du journal Les Echos apporte plus d’informations sur les statistiques globales en Europe (principalement en France, en Italie et en Espagne) au soir du 28 mars 2020. https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/en-direct-28-mars-2020-coronavirus-le-point-sur-la-situation-en-france-et-dans-le-monde-1189816. Que dire des autres pays quand on sait que presque la quasi-totalité des pays européens aurait accusé du retard dans la prise de conscience et l’instauration des mesures coercitives d’échelle nationale.

Face à cette situation il est important de se poser de bonnes questions concernant l’Afrique avec le premier cas d’infection officiellement détecté en Algérie le 25 février 2020 (source https://www.afro.who.int/news/second-covid-19-case-confirmed-africa) et plus de 4,481 cas d’infection  officiellement détectés en Afrique au 28 mars 2020 (source site web officiel ACI Africa https://www.aci-africa.aero/). Au 27 mars le Cameroun annonçait déjà 91 cas de contamination avec deux décès (source : compte twitter du Ministre de la Santé), ce qui augmente considérablement les statistiques qui étaient encore de 27 juste une semaine avant. Pour les cas de décès, plusieurs non confirmés officiellement ont été évoqués dans les réseaux sociaux. Il s’agirait entre autres des cas de personnes qui auraient accueilli des passagers des derniers vols en direction du Cameroun, ceux ayant échappé la mesure de confinement imposée par le gouvernement.

Il faut bien croire que le temps d’incubation du virus, d’une durée de deux semaines qui passe souvent inaperçu en dehors de symptômes habituels de grippe ordinaire, laisse tout le temps à la personne contaminée et ignorante de son état, de procéder à de l’automédication occasionnelle, de propager le virus en se frottant aux autres dans ses déplacements urbains et interurbains, en profitant de la chaleur familiale et amicale ainsi que des rapprochements d’ordre professionnels et sociaux, etc. Les déplacements vers l’arrière-pays sont les plus à craindre compte tenu du niveau élevé de contact humain qui y est d’une seconde nature. De tout ceci, il est à se demander ce qu’il adviendrait si nos pays africains se retrouvaient dans la même situation que plusieurs pays développés par lesquels cette pandémie est passée, au vu de la situation précaire de plusieurs de nos hôpitaux publics et privés en termes de matériels et d’expertise sanitaires et surtout de la couverture sanitaire du pays qui reste approximativement accessible aux plus nantis ? Dans les pays les plus touchés aujourd’hui, tout a commencé de la même façon jusqu’à ce qu’un jour tout bascule…

Pour l’instant la seule solution la plus efficace en Afrique et au Cameroun en particulier, pour limiter la propagation de la pandémie reste la prise de conscience individuelle et la responsabilisation de chaque citoyen partout où il se trouve. Bien que certaines de ces mesures gouvernementales soient contestables par la population dans certains aspects de leur mise en œuvre, il faut dire que l’urgence de la situation impose leur suivi de manière responsable et immédiate pour éviter au plus tôt le pire, sans oublier que les informations sanitaires sont désormais régulièrement mises à jour.

Mesures entreprises et capacités d’action au sein du Cameroun-YMCA

La part de tâche qui incombe aux YMCA en Afrique et au Cameroun en cette période de crise sanitaire, est celle de l’accompagnement des populations dans la prise de conscience et l’implémentation des mesures visant à stopper cette pandémie. Il pourrait aussi s’agir de se sentir concerné en assistant dans toute la mesure du possible et autant que nécessaires, les pouvoirs publics ainsi que les organismes de la société civile dans la gestion de cette crise. Il s’agit là d’un devoir citoyen auquel tout Unioniste devrait se sentir interpellé afin de marquer d’un impact fort sa présence auprès des personnes dans le besoin de connaissance et d’accompagnement.

Au Cameroun-YMCA, des mesures proactives ont été également prises pour sensibiliser les unionistes et les accompagner dans la sensibilisation de leur entourage. Le communiqué y relatif a été publié le 19 mars 2020 par le Président du Conseil National du Cameroun-YMCA, Dr Alain Douglas WANDJI et est disponible sur le site officiel à l’adresse http://ymcacameroon.org. Dans ce communiqué, il est question de suspendre les activités au sein des instances du Cameroun-YMCA ayant la capacité de mobiliser plusieurs dizaines de membres au quotidien, à savoir les Clubs, les Unions Locales et les Branches. Il est également question pour tous les Unionistes, de dédier les journées de Vendredi au jeûne et à la prière, sous la supervision du Responsable national en charge de la Formation et de la Vie Spirituelle au sein du Mouvement, Monsieur Merlin NKOUAKO.  La jeunesse du Cameroun-YMCA, Grace à sa formidable capacité de mobilisation et de celle de ses jeunes leaders et sa présence active sur la quasi-totalité du triangle national, est en mesure de se joindre à toutes les initiatives sur le terrain dans le cadre de l’accompagnement des populations locales à la gestion de cette crise.

En plus du jeûne et de la prière tel qu’énoncé ci-dessus, l’une des recommandations fortes à donner aux leaders du Cameroun-YMCA dans les différentes localités et branches à travers le pays, est celle de s’organiser pour se joindre activement à la riposte nationale contre cette pandémie. Parmi les initiatives à mettre en œuvre, l’on peut citer le rapprochement avec les instances gouvernementales locales (préfectures, sous-préfectures, mairies, etc) en tant que volontaires pour des opérations d’assainissement et de sensibilisation qui pourraient être initiées par l’Etat ou par certaines organisations de la société civile. Ces initiatives volontaires peuvent s’étendre à des communications dans les médias (radios et télévisions), en participant à des émissions de débat et de sensibilisation dans le but de faire entendre la voix des YMCA partout où elle pourrait porter. Dans le cas où cette pandémie viendrait à affecter durement les populations comme cela a été le cas dans les pays européens, celles-ci pourraient avoir besoin de soutien psychologique pour reprendre leurs vies en mains. Le YMCA pourrait jouer un rôle important à ce niveau à travers la mise en œuvre des programmes de coaching ou de suivi.

Le mot de fin à retenir ici est ce qu’a énoncé le Christ dans les saintes écritures, aux versets 34 à 36 du 21ème chapitre du Livre de Luc : « Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos cœurs ne s’appesantissent par les excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l’improviste ; car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent sur la face de toute la terre. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d’échapper à toutes ces choses qui arriveront, et de paraître debout devant le Fils de l’homme ».